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🕓 Temps de lecture : 9 minutes
Ecrit par Sawsane le 22 août 2023
Vous pensez en avoir combien dans votre garde-robe ? Vous savez de quoi on parle… Des vêtements à base de fibres synthétiques : polyester, acrylique, nylon, élasthanne, polyamide... Doux noms à nos oreilles.
Et non, ce n’est pas une tentative vaine de culpabilisation, promis. Nous aussi, on en possède des fibres synthétiques. Même qu’en fait, c’est assez confortable à porter. Elles n’étaient pourtant pas réputées pour l’être au départ.
Le polyester, né des expériences de deux chimistes anglais en 1941, s’était notamment illustré dans les années 70 pour son prix bon marché plutôt que pour les sensations agréables qu’il procurait lorsqu’on le portait.
Depuis, par l’entremise de la recherche, l’usage de matières synthétiques a beaucoup évolué au point d’être carrément généralisé.
Le polyester est aujourd’hui la matière première la plus produite dans l’industrie du textile. Mais – parce qu’il y a un mais, synthétique ça ne rime pas avec écologique.
Imaginez, aujourd’hui pas moins de 70% des fibres synthétiques produites dans le monde proviennent du pétrole. C’est près de 70 millions de barils qui sont nécessaires à la production de 40 millions de tonnes de polyester chaque année.
D’ici 2050, on évoque le chiffre mirobolant de 2.000 millions de tonnes de plastique produits à base d’hydrocarbures, par AN.
Le 8e continent se voit promettre une sacrée croissance.
C'est joli mais qu'est-ce que c'est polluant... | © Zbynek Burival / Unsplash
Pourtant l’industrie du pétrole repose sur une ressource limitée. Et les procédés de fabrication des matières synthétiques ne participent pas exactement à sa sauvegarde.
Pour 1 kg de polyester, il faut environ 1,5 kg de pétrole, soit 30% de pertes. Or au rythme où l’on va, on estime que le pétrole sera épuisé d’ici 54 ans.
Pour ne rien arranger, l’exploitation du pétrole transformé en matière synthétique émet énormément de CO2, ramenant l’empreinte carbone d’un chemisier en polyester à un volume 2,5 fois plus important que celle d’une chemise en coton.
Les fibres synthétiques sont obtenues par synthèse chimique ou polymérisation, qui permet de transformer un grand nombre de molécules simples en très grande molécule : le polymère.
Le polyester par exemple est obtenu grâce à la synthèse chimique d’un acide et d’un alcool, tous deux composés du pétrole. A l’issue de leur condensation, on obtient une une sorte de gel. Le gel est “étiré” et tadam ! On a un fil.
Quel filou ce fil ! | © Jean-Philippe Delberghe / Unsplash
Les agents chimiques utilisés dans le processus de fabrication sont éliminés lors du lavage des fibres et rejetés dans les eaux usées et l’air.
La production génère un tas d’émissions toxiques pour l’environnement, comme le bromide de sodium ou le dioxyde de titane.
60 % des micro-plastiques des mers et océans proviennent des vêtements que nous possédons. A l’origine de tous ces micro-plastiques… On vous le donne en mille : les fibres synthétiques.
Les microfibres plastiques c’est moins de 5 millimètres de longueur et quelques micromètres de largeur. C’est tellement petit qu’ils échappent sans mal aux stations de traitement et terminent directement dans les océans.
Et non, tout ce qui est petit n’est pas mignon, c’est même parfois assez vilain.
Sources : revue Environmental Science and Technology, Université de Plymouth, UICN et l'ADEME
A chaque passage en machine, les textiles synthétiques libèrent des milliers de microparticules de plastique qui terminent leur course dans les eaux de rinçage.
Et sans qu’on le sache c’est 6 millions de microfibres qui sont ainsi relâchées dans la nature lorsqu’on lave l’équivalent de 5 kg de tissu synthétique.
Même recyclés, les composés du pétrole continuent de produire des micro-plastiques lors du lavage. Plus la fibre est vieille et plus elle relâche des micro-particules.
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Microscopiques, les microparticules et leur impact ont souvent été négligés – à tort. Une fois présents dans les eaux usées, les micro-plastiques s’agglomèrent pour former des microparticules un peu plus grosses mais invisibles à l’oeil nu et sans goût.
Autant dire que l’invisibilité n’a pas que du bon, sauf en matière de cape. Les animaux marins capables d’éviter l'ingestion de gros objets visibles, ne peuvent le faire dans le cas des microparticules.
Or il est impossible pour eux de digérer ces micro-plastiques. Résultat : ils les conservent dans leur organisme.
La revue Nature révèle la persistance de déchets plastique dans l’estomac de poissons et crustacés destinés à la consommation, parmi lesquels des thons, des moules ou encore des huîtres vendues en supermarché.
Les zooplanctons et petits poissons à la base de la chaîne en sont les premières victimes : ils consomment bien malgré eux des microparticules source de surmortalité.
Source : Microplastics in aquatic environments: Toxicity to trigger ecological consequences in Envrionmental Pollution
Mais cette pollution ne se limite pas aux environnements marins.
Selon une étude publiée dans Environmental Sciences and Technology, parmi les échantillons de sédiments issus des 6 continents, on retrouve des traces de micro-plastiques en grande quantité.
Et parmi ces micro-plastiques, 80% sont issus de polyester ou d’acrylique !
La pollution des écosystèmes ne s’arrête pas aux milieux marins et aux sédiments. Selon une étude de la revue Science, menée par des chercheur.se.s Américain.e.s dans plusieurs zones protégées, il aurait plu 1.000 tonnes de micro-plastiques par an. L’équivalent de 120 millions de bouteilles en plastique !
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Aussi désagréable que l’idée puisse paraître… nous mangeons sans nous en rendre compte des micro-plastiques. Miam ! Et aucun moyen de mesurer combien de microparticules se sont accumulées dans l’estomac du poisson du vendredi avant de le déguster.
Par contre, on peut vous dire que près de 90% du sel utilisé à des fins alimentaires contient des microfibres et microparticules plastiques. Molo sur le sel donc.
Tristounette cette assiette... comme nous quand on apprend qu'on mange des micro-plastiques | © Thought Catalog / Unsplash
Mais s’il ne s’agissait que de ça…Dans une recherche publiée dans Food Additives and Contaminants, des chercheur.se.s allemand.e.s ont analysé 24 échantillons de bière provenant de supermarchés et ont constaté des traces de micro-plastique parmi l’ensemble des bières. Rien n’y échappe décidément.
Le plus problématique reste en fait le manque cruel d’informations quant aux effets délétères que pourraient avoir les micro-plastiques sur les hommes et leur santé.
Un argument qui fera sûrement mouche en matière de synthétique, c’est celui des odeurs. Parce que oui porter du polyester ou du nylon, provoquera sûrement un déferlement de senteurs disons… peu ragoutantes.
Les vêtements synthétiques, contrairement aux matières naturelles, ne sont pas très respirants, ce qui contribue à la production de transpiration. La transpiration chargée de déchets bactériens, de sels et d’acides sur les fibres, participe ainsi de l’usure des vêtements.
Pour ne rien arranger, les propriétés des fibres synthétiques, issues du pétrole ont tendance à retenir les odeurs.
Le polyester est plus enclin à garder les mauvaises odeurs, même après le lavage. Pourquoi? Parce que ce sont des fibres hydrophobes qui n’aiment pas l’eau – mais qui adorent les substances un peu huileuses.
Ainsi l’eau contenue dans notre transpiration disparaît tandis que les substances huileuses sont retenues par la fibre et finissent par se mélanger aux bactéries malodorantes présentes.
Même chose au lavage, l’eau et la lessive ne seront pas d’une efficacité folle – mention spéciale au lycra et à l'élasthanne. Enfin quand un passage en machine n’empire pas les choses…
En effet les composés chimiques de la lessive peuvent se nicher dans les fibres, ce qui ne constitue pas la meilleure option pour votre peau.
Hum... de la lessive qui se mélange aux fibres synthétiques imprégnées de bactéries | © chrissie kremer / Unsplash
De plus certaines bactéries à l’odeur un peu spicy ont pour matière de prédilection le synthétique, là où les fibres naturelles ne constituent pas un environnement très accueillant.
Les matières synthétiques sont en effet particulièrement favorables à la prolifération microbienne. Le nylon par exemple a des affinités avec les proprionibacteriums qui provoquent entre autres mauvaises odeurs et acné. Un joli cocktail.
La solution qui semble tout naturellement s’imposer est de réduire ses achats de vêtements en fibres synthétiques, nylon, élasthanne, acrylique, polyester, en vérifiant la composition des textiles que l’on achète.
Il s’agit de privilégier les fibres naturelles, les vêtements bio pour femme et les vêtements bio pour homme et certifiées. Votre corps et l’océan vous en remercieront.
Un guppy et c'est reparti pour un tour (de machine) !
En ce qui concerne le rejet de microfibres, réduire ses lavages est une première étape. Le lavage à la main est bien sûr toujours préférable.
Mais si un passage en machine vous semble vraiment nécessaire, utiliser des sacs de lavage Guppyfriend permettra au moins de recueillir les micro-plastiques qui s'échappent de nos fringues.
Les industriels commencent doucement à se soucier de la question des micro-plastiques. En 2017, le sommet de la microfibre à Santa Barbara a vu se réunir des industriels du textile, des chercheur.se.s et des organismes gouvernementaux Américains.
Une fiche de route sur 5 ans a été définie en vue de proposer des solutions innovantes pour réduire les rejets de micro-plastiques dans les eaux usées.
La Commission Européenne entend également soutenir les industries qui réfléchissent à des solutions contre ce phénomène et qui souhaitent diffuser les bonnes pratiques.
A l’issue du vote de la loi anti-gaspillage, le gouvernement français a quant à lui imposé la présence de filtres à micro-plastiques dans les machines à laver neuves à compter du 1er janvier 2025.
Retrouvez notre gamme complète de vêtements éthiques pour femme ainsi que nos vêtements éthiques pour homme sur WeDressFair.
Nos sources :
Vêtements écologiques: quelles fibres textiles choisir ?Tags : C'est quoi le problème ?