Eshop
Vêtements
Par catégorie
Par style
Par critère
Chaussures
Par catégorie
Par critère
Accessoires
Par catégorie
Par critère
Sacs
Par catégorie
Par critère
Eshop
Vêtements
Par catégorie
Par style
Par critère
Chaussures
Par catégorie
Par critère
Accessoires
Par catégorie
Par critère
Sacs
Par catégorie
Par critère
Archives
Archives
Lookbook
Concept
La mission WeDressFair
Emmenons la société vers une mode soutenable
Le problème de la mode
L’impact de la mode
Les fiches pratiques
On vous aide à comprendre
Nos enquêtes
On décrypte la mode
🕓 Temps de lecture : 15 minutes
Ecrit par Solène et Sawsane le 23 Juillet 2024
A défaut d’avoir vécu une longue vie, votre vêtement aura eu une existence bien remplie. De la graine au tissu puis de l’expédition à la déchetterie, nombreuses sont les étapes qui ont parsemé son parcours.
Cette chaîne s’est depuis quelques années de plus en plus complexifiée, non pas parce que les étapes de transformation sont fondamentalement différentes mais parce que la mondialisation a largement contribué au développement de la sous-traitance, occasionnant une fragmentation du processus.
Ce qui contribue bien évidemment à un manque de transparence notoire – la société donneuse d’ordre sous-traite à une autre entreprise qui elle-même sous-traite… Cercle vicieux plutôt que vertueux pour les consommateur.rice.s mais aussi pour les travailleur.se.s.
Quand on pense pollution, on se dit industrie du pétrole mais la mode sait aussi y faire dans le CO2 | © Ella Ivanescu / Unsplash
Mais on s’est dit qu’un retour aux bases n’était pas de trop. Puis qui est véritablement capable de nommer toutes les étapes de production d’un t-shirt ? Les connaître c’est déjà comprendre le travail nécessaire à sa fabrication mais aussi savoir d’où provient la pollution environnementale qui place la mode à la seconde place des industries les plus polluantes. Des dégâts environnementaux à l’ordre donc (yey) mais aussi humains (youhou).
Comme le parcours d’un vêtement est un peu long – euphémisme, on vous le présente en 2 éditions pour le prix d'une. Accrochez vous bien, on vous propose un voyage dans le temps, via planète fast fashion.
C'est l'histoire de la vie (d'un tissu)
Avant d'entrer dans le détail, un petit schéma récapitulatif des différentes matières textiles
L’élevage
Les matières animales peuvent provenir de la peau des animaux (le cuir), de poils (la laine) ou de sécrétions (la soie).
La question de l’élevage pose de nombreuses questions éthiques. Les animaux vivent le plus souvent dans des petits espaces, parfois maltraités et avec une quantité insuffisante de nourriture.
« L'élevage représente environ 20% des émissions de gaz à effet de serre globaux »
Les conséquences environnementales de l’élevage ne sont pas, non plus, à négliger. Au-delà du fait que l’élevage nécessite un grand nombre de ressources (eau, blé etc.), certaines pratiques sont particulièrement nuisibles pour l’environnement.
L'exemple de la laine est assez inquiétant : les producteur.rice.s de laine conventionnelle utilisent aussi des pesticides et insecticides, qui peuvent être nocifs pour la santé et provoquer des inondations et érosions des sols. En règle générale, l'élevage représente environ 20% des émissions de gaz à effet de serre globaux, soit une part plus importante que les gaz produits par les transports.
Une des alternatives à privilégier est la laine biologique et les vêtements bio pour femme ainsi que les vêtements bio pour homme en général, qui interdisent l'ensemble de ces produits ainsi que des pratiques d'élevage barbares comme le mulesing – l'ablation d'une partie de la peau périanale des moutons; procédé particulièrement douloureux puisqu'on coupe la peau à vif.
La culture des fibres
Les matières végétales sont issues des tiges de plantes (le lin), de fleurs (le coton), de feuilles (le raphia) ou de sève (le latex naturel que l’on retrouve sur l’écorce de l’hévéa).
Certaines cultures comme celles du lin ou du chanvre sont respectueuses de l’environnement et des hommes mais ce n’est pas le cas de toutes.
L’exemple le plus connu est celui du coton, encore largement utilisé dans le secteur du textile (environ ¼ de la production mondiale). Comme le cotonnier est une plante fragile, la culture du coton nécessite beaucoup de traitements (pesticides, insecticides etc.), d’eau et de soleil. En plus de la pollution agricole induite par cette culture, la santé des cultivateur.rice.s est mise en danger.
Petit coton, gros dégât | © Marianne Khrohn / Unsplash
La culture du coton est aussi très gourmande en eau. Selon Greenpeace, la production d’un t-shirt en coton nécessite en moyenne 2700 litres d’eau.
Pour vous donner un ordre d’idée, cela correspond à la quantité d’eau que l’on boit en 4 ans ! L’eau est une ressource rare dans certains pays. Quand la pluie n’est pas suffisante, on utilise de puissants système d’irrigation, en puisant l’eau des nappes phréatiques, lacs et rivières.
Il faut donc se méfier des mentions “coton naturel” qui tentent de nous faire croire que cette matière est écologique alors qu’elle ne l’est pas. Et puis tout ce qui est naturel n’est pas forcément bon pour l’environnement !
Le coton en quelques chiffres
Pour les matières naturelles (végétales ou animales), l’étape du nettoyage est indispensable mais elle a de lourdes conséquences sur l’environnement et la santé des hommes.
« Les pays producteurs envoient nettoyer leur laine en Asie avant de l’importer à nouveau chez eux »
Prenons à nouveau l’exemple de la laine : après avoir été récoltés les poils doivent être nettoyés, à l’aide de produits polluants qu’il est difficile de filtrer par la suite. C’est pourquoi, la plupart des pays producteurs vont envoyer leur laine en Asie pour l’étape de lavage puis… l’importer à nouveau chez eux !
Il ne faut pas non plus oublier que le lavage de la laine demande une grande consommation d’eau : environ 12 litres d’eau pour 1kg de laine brut !
Outre les matières naturelles, il existe aussi des matières chimiques, largement utilisées dans l’habillement et qui sont issues de synthèses chimiques. Ces matières se distinguent en deux catégories:
Les matières synthétiques sont obtenues à la suite d’une synthèse de composés chimiques issus à 70% de dérivées du pétrole ou de matières recyclées. On retrouve ici toutes les matières tels que l’acrylique, l’élasthanne ou encore le LYCRA®.
Pour obtenir les propriétés que l’on connaît aux matières synthétiques (comme la douceur, la légèreté, la rapidité du séchage etc.), on ajoute des additifs chimiques - ce qui rend le processus de fabrication pas joli, joli.
100% polyester... donc 70% de pétrole, super ! | © Markéta Machová / Pixabay
Les matières artificielles proviennent elles de synthèse chimique à partir d’un composé naturel. On utilise généralement de la cellulose de bois qui permet d’obtenir la viscose, le Tencel® etc.
Mais les possibilités des matières artificielles ne s’arrêtent pas là : on peut aussi créer des tissus à partir de lait, de soja, de carapace de crabe etc.
Le processus de fabrication de ces matières (notamment la viscose) reste polluant mais elles sont toujours très utilisées y compris par les marques de mode éthique et éco-responsables.
Par exemple, des fibres textiles issues de pulpe de bambou ou d’eucalyptus proviennent de forêts gérées durablement et certifiées comme telles (certificat PEFE-FSE).
Le Tencel® (ou lyocell) permet d’ailleurs de recycler 99% de la soude caustique qui est utilisée lors du processus chimique de fabrication.
Les termes “chimique” et “artificiel” ne sont donc pas forcément synonymes de pollution massive et de toxicité, ou tout du moins, de nombreux producteur.rice.s s’engagent vers des démarches plus durables.
Ce qu'on voit quand on nous dit "chimique" | © Alex Kondratiev / Unsplash
Le filage correspond à la transformation de la matière première brut – coton, lin, en fil. Pour cela, les fibres sont préalablement nettoyées et peignées. Le cardage dans un premier temps, permet de démêler et d’aligner des fibres brutes à l’aide d’un gros peigne pour obtenir un ruban plus souple et plus fort.
Ensuite le ruban obtenu est étiré pour devenir un fil. Des lubrifiants et des agents humidificateurs sont souvent utilisés pour faciliter le passage des fibres dans les machines de transformation. Une fois produits, les fils sont enduits de graisse ou encore de cire pour les rendre plus résistants.
Le tissage, pour les jeans ou le tricotage, pour les t-shirts, qui arrive après le filage, permet d’assembler les fils pour les transformer en tissu. Pour cela on croise les fils de chaîne, verticaux et les fils de trame, horizontaux sur un métier à tisser. Il existe plusieurs méthode de tissage, influant sur les caractéristiques du tissu final. On obtient une fabrique rigide – dans le cas d’un jean où les fils sont très resserrés, ou plus souple – lors de la confection d’un t-shirt.
Après le tissage, le tissu est lavé. Et c’est là que les choses se compliquent.
« 80 % des nappes phréatiques chinoises sont impropres à la consommation »
Les résidus, issus des lubrifiants et autres agents sont des substances difficilement biodégradables, sans compter les composants issus du pétrole. En l’absence de traitement avant rejet, ces derniers terminent régulièrement leur course dans les eaux usées. Rendant l’eau de 80 % des nappes phréatiques chinoises impropre à la consommation.
L’ennoblissement regroupe les étapes nécessaires à l’obtention d’un tissu fini : blanchiment, teinture, imperméabilisation entre autres. Pas moins de 4000 produits chimiques (vous imaginez ?) souvent toxiques, interviennent dans le processus, rendant particulièrement vulnérables l’environnement et les ouvrier.e.s en usines.
Avant l’étape clé de la chaîne de fabrication, la teinture, les fibres composant les tissus doivent subir un blanchiment, faute de quoi, l’imprégnation du tissu par les colorants sera rendue moins efficace.
L’eau de Javel s’est, depuis le XIXe, peu à peu imposée comme l’agent de blanchiment de prédilection des industriels, avec tous les aspects fâcheux qu’elle peut comporter. Rejeté dans les eaux usées, le chlore, non biodégradable, issu de la Javel se combine avec des molécules contenues dans les sols, l’air et l’eau avant d’être absorbé par des plantes et des animaux mais aussi des êtres humains.
Si le blanchiment participe déjà bien à la production de substances polluantes, les choses sont pires encore avec l’étape suivante : la teinture. La teinture colore les vêtements mais les bourre surtout de produits chimiques. Elle peut intervenir à plusieurs moments : sur le fil, le tissu ou bien sur le produit fini – la plupart du temps elle s’effectue sur le tissu.
Là les fils font gentiment trempette pour être teints | © Jelleke Vanooteghem / Unsplash
Les couleurs sombres ou vives sont votre crédo ? Mauvaise nouvelle : il y a de grandes chances qu’elles aient été obtenues à l’issue de l’usage de métaux lourds. Formaldéhyde, phtalates, plomb, mercure, permanganate de potassium, la liste est longue – et loin d’être exhaustive. Les colorants synthétiques sont connus pour perturber le système hormonal mais aussi pour leur potentiel cancérogène.
Un vrai danger pour les travailleur.se.s du textile et leur environnement proche. Pourtant ils sont rejetés dans les eaux usées sans avoir été traités au préalable la plupart du temps. Ce sont ainsi 40 000 à 50 000 tonnes de colorant se retrouvent ainsi dans les cours d’eau chaque année.
Pour teindre les fibres, on n’utilise pas que des colorants. Le tissu ou le vêtement est plongé dans un autoclave, grosse bassine hermétique remplie de colorants où l’eau est portée à plus de 100°C. Alimentés par du charbon ou du gaz, le fonctionnement de plusieurs autoclaves se révèle particulièrement gourmand en énergie.
Une autoclave | © Wikipedia
Mais les transformations liées au tissu ne s’arrêtent pas là : pour le rendre imperméable, infroissable ou brillant, on utilise des composés organiques volatiles ou COV. Fortement liés aux cas d’asthme et à l’altération de l’eau potable, certains COV sont classifiés cancérigènes et leur faible point d'ébullition fait qu’ils se retrouvent très facilement dans l’air. Rejetés par les usines, ils polluent fortement les alentours.
Alors même que selon une étude menée par la Cellule interrégionale d'épidémiologie de Rhône-Alpes, le formaldéhyde, lui aussi volatile, est responsable d’irritation des yeux, du nez et de la gorge, il continue d’être utiliser pour limiter les faux plis. Et ce, sans protection dans la plupart des usines des pays émergents.
En plus des COV, des substances perfluorées, suspectées d’être cancérigènes, sont utilisées lors des traitements anti-tâche et de l'imperméabilisation. Problème ? Présentes sur les vêtements, ces substances peuvent se dégrader avec la sueur ou l’humidité et migrer sur la peau.
Pas très éco-friendly... | © Mike Marrah
Pour ce qui est des tissus d’origine animale, le tannage est nécessaire pour transformer la peau en cuir étanche et imputrescible, grâce à des substances appelées “tanins”. La peau est transformée en cuir lors d’une immersion dans de grandes cuves salées et remplies de tanin.
85% des peaux tannées dans le monde sont issues de tannage minéral. Sels de chrome, sels de fer… il permet la production de cuir particulièrement résistant en seulement quelques jours voire quelques heures à peine. Mais le chrome, une fois transformé en chrome VI est particulièrement polluant et cancérogène. En l’absence de circuit fermé, ce dernier est rejeté dans les eaux usées, comme en Inde où les terres agricoles sont inondées d’eaux résiduaires où l’on retrouve des traces de la molécule. Une catastrophe à la fois humaine et environnementale.
Une peau tannée... et peut être remplie de chrome | © Monsterkoi / Pixabay
Une fois produit, le tissu est envoyé à des usines sous forme de rouleaux ou dans des sacs. Livré dans des conteneurs, le tissu est déchargé puis stocké dans un hangar ou dans un emplacement dédié.
Enfin, “emplacement dédié” reste un grand mot.
Dans de nombreuses usines, notamment au Bangladesh, les tissus sont déposés là où ils peuvent l’être, obstruant parfois les sorties de secours, dans des bâtiments déjà pas très aux normes. En cas d’incendie, non seulement cela limite le passage des ouvrier.e.s mais surtout pour peu que la fabrique soit inflammable, la situation peut vite devenir dramatique.
"Sortie incendie. Laisser en permanence une voie dégagée". Si seulement ! | © Krzysztof Hepner / Unsplash
Mais revenons à nos moutons (pas ceux avec lesquels on fait de la laine).
Avant d’entamer la confection, le tissu est “détendu” en le passant puis le tirant au travers d’une fileuse. Cette étape est nécessaire parce que le tissu est continuellement sous tension au cours du processus de fabrication, notamment lors de la teinture ou d’autres finitions. Le processus de détente du tissu lui permet de rétrécir, histoire de limiter ce phénomène plus tard dans la vie du vêtement, notamment lorsqu’il passe entre les mains du consommateur.rice – ça nous a pourtant jamais empêché de retrouver un vêtement ayant rapetissé autant que Arthur et les minimoys.
Le tissu est ensuite transféré dans la partie découpage. Les rouleaux de fabrique sont coupés de façon uniforme puis les morceaux de tissus obtenus sont étalés. Les étaler permet plusieurs choses : identifier les défauts, contrôler la tension du tissu mais aussi s’assurer que chaque pli présent sur le tissu est correctement placé. Ensuite des patrons sont apposés avec des pins sur les tissus empilés puis découpés simultanément.
On se détend un peu avant de repartir en trombe | © TONO BALAGUER / agefotostock
La confection du vêtement repose en grande partie sur du travail manuel. La couture est effectuée après que les pièces coupées aient été regroupées en fonction de leur taille et de leur couleur. Les vêtements sont cousus sur une chaîne de montage – ce bon vieux fordisme ! Les couturier.e.s reçoivent un paquet de tissu coupé et cousent à plusieurs reprises la même partie du vêtement avant de passer la main à l'opérateur.rice suivant.e, aussi affecté.e à une partie spécifique.
« L’exigence de productivité mène à des abus de la part des contre-maîtres, pour des salaires de misère »
Les ouvrier.e.s en plus d’effectuer un travail répétitif se retrouvent astreint.e.s à des journées de travail qui jouxtent parfois les 12h. L’exigence de productivité mène à des abus de la part des contre-maîtres, pour des salaires de misère – moins d’un dollar de l’heure au Bangladesh.
Vient ensuite l'assemblage des composants, effectué selon les indications fournies par l'acheteur.se, grâce à des fiches d’assemblage – c’est par ces documents qu’on a pu relier des enseignes comme Auchan au drame du Rana Plaza par exemple. Pour les finitions, des machines à coudre sont utilisées pour terminer les coutures et des machines à fusion pour les composants des cols ou les boutons.
Dans le prochain épisode de "De la graine au vêtement"Nos sources :
Le carnet de vie d'un jean par l'ADEMETags : Pour commencer, Les enquêtes